L’approche Genre dans le processus de justice transitionnelle au Maroc : Etat des lieux et perspectives
Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation, particulièrement en ce qui concerne la promotion des droits humains des femmes, le Conseil consultatif des droits de l’Homme, en partenariat avec le Fond de Développement des Nations Unies pour la femme a organisé le 25 novembre 2008 à Rabat un séminaire national sous le thème : « L’approche Genre dans le processus de justice transitionnelle au Maroc : Etat des lieux et perspectives ».
Le séminaire, qui était un moment de réflexion et d’analyse par les différents acteurs/trices impliqué/ es dans la mise en œuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation sur le degré de prise en compte du genre dans l’expérience marocaine et les pistes d’amélioration de cette préoccupation a connu la présentation des résultats de l’étude menée par Mme Nadia Guessous intitulée ‘l’Instance Equité et Réconciliation sur les femmes, le genre et la violence politique’.
Le but de l’étude était de ‘documenter des récits de vie détaillés et nuancés de femmes qui ont souffert aux mains de l’Etat durant les années de plombs’. L’Etude qualitative s’est déroulée en deux étapes : une première étape de constitution des équipes et réalisation des entretiens et des focus groupes dans différentes régions ( Figuig, Nador, Houceima, khénifra, Imilchil, Laayoun, Rabat et Casablanca) et une deuxième étape d’analyse des documents générés par l’étude de terrain.
D’après les conclusions de l’étude, deux catégories de femmes ont souffert aux mains de l’état durant les années de plomb :
- ‘des femmes dont un membre de la famille était considéré comme un ennemi de l’Etat : des mères, des épouses, des filles, des sœurs…dont la plupart vivaient dans des régions rurales, étaient analphabètes, n’avaient aucun engagement politique, et n’étaient pas au courant des activités politiques des hommes auxquelles elles étaient liées par le sang ou le mariage. Elles ont été ciblées dans le cadre de l’approche de punition collective par l’Etat’.
- Des femmes politiquement engagées dans les mouvements de gauche : étudiantes universitaires dans les grandes villes du Maroc
L’étude a pu rendre compte des différents caractéristiques de la violence qu’ont subi les femmes durant les années de plomb : tout comme les hommes, les femmes ont été kidnappées, détenues illégalement, interrogées, torturées, mais aussi torturées devant leurs enfants, les femmes enceintes ne bénéficiaient d’aucune protection, les femmes ont aussi été humiliées : l’étude parle d’un système d’humiliation gendré qui comprenait des méthodes et pratiques telles que la nudité forcée, le manque d’accès aux nécessités hygiéniques durant les menstruations.
L’étude complète sur ‘le genre et la violence politique’ est sous presse et sera mise en ligne sur le site du CCDH. Dans le même cadre, les témoignages recueillies ont fait l’objet d’une autre publication intitulée ‘Des femmes qui ont brisé le mur du silence : des souffrances déterrées de l’oubli’ est déjà en ligne dans la rubrique publications.
Aussi, il est à rappeler que le CCDH en partenariat avec l’UNIFEM, est en cours de développement d’une stratégie d’intégration de l’approche genre dans l’ensemble du processus de suivi des recommandations de l’IER, notamment les programmes de réparation communautaire. Dans ce sens, un projet « Promotion des droits humains des femmes et de leur rôle dans le processus de justice transitionnelle au Maroc », a été lancé en Avril 2007 visant à expérimenter une approche pilote d’intégration du genre dans le cadre du processus de réconciliation marocain.