Sandra Rojo Flores, anthropologue : ‘la préservation de la mémoire : essence de la réconciliation’
Sandra Rojo Flores, anthropologue membre du groupe de recherche « Observatoire de prospective culturelle », Université de Grenade : ‘la préservation de la mémoire : essence de la réconciliation’
Comment voyez-vous l’initiative visant à créer le musée du Rif ?
Cette initiative est très importante et positive pour plusieurs raisons dont la plus importante c’est qu’elle contribuera sans aucun doute à la préservation de la mémoire de la région et la consolidation de la réconciliation avec le passé. Ce qui a attiré mon attention dans ce colloque scientifique, c’est la forte présence académique, en plus de la participation d’un nombre important de personnes qui se partagent l’amour de la région et l’intérêt qu’ils portent à la région du Rif. Et c’est très important, car, même en Espagne, nous n’avons pas l’habitude de cette qualité de présence dans des rencontres où on traite de ce genre de sujet.
Durant cette rencontre, la question des archives se trouvant à l’extérieur du Maroc a été soulevée. Pensez vous qu’il temps pour que le Maroc revendique ses archives se trouvant en Espagne ou dans d’autres pays ?
Je pense que le Maroc a le droit d’accéder à ses archives. Cette question ne doit pas être un sujet de conflit ou de confrontation. Au contraire, cet héritage doit être partagé pour en faire profiter à la fois les marocains et les espagnols, pour la simple raison que nous ne pouvons ni nier, ni passer à côté de la mémoire commune et de la longue histoire qui réunit les deux pays.
Comment la préservation de la mémoire pourra, à votre avis, consolider la réconciliation ?
La préservation de la mémoire est l’essence même de la réconciliation. En effet, surmonter les problèmes du passé nécessite obligatoirement la reconnaissance de ce passé pour le dépasser et pour l’intégrer dans le patrimoine local, national, voire international. Si nous ne reconnaissons pas le passé, nous risquons de commettre les mêmes erreurs et de répéter ce qui s'est passé.